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Rapport de la commission d'examen

6.0 Site Midwest

6.1 Mode d'extraction

La société Cogema propose de recourir à une méthode d'extraction non pénétrante mise au point à la mine expérimentale de Cigar Lake dans des conditions comparables à celles qui prévaudraient à la mine Midwest. [The Midwest Project Environmental Impact Statement, Executive Summary, Cogema Resources Inc., août 1995, p. 4.] Cette méthode combine deux techniques éprouvées, la congélation du sol et le forage par jet, de manière à récupérer le minerai très radioactif dans un sol très humide et difficile à travailler. [The Midwest Project Environmental Impact Statement, Main Document, Cogema Resources Inc, août 1995, p. 2-10.]

6.1.1 Congélation du sol

Pour congeler la formation uranifère, une série de galeries parallèles seraient creusées dans le socle rocheux, à environ 20 mètres sous le filon. À partir de ces galeries, on creuserait en remontant des trous verticaux jusqu'à cinq mètres au-dessus du filon. Dans chaque trou, il y aurait des tubes par lesquels on ferait circuler de la saumure refroidie à -35 oC. Au bout de plusieurs mois, le sol dans ces galeries jusqu'au filon et même au-dessus se trouverait congelé. L'accès aux galeries de congélation se ferait par le puits de mine expérimental déjà creusé, qui serait prolongé vers le bas sur quelque 60 mètres.

La congélation des formations rocheuses saturées et faibles recelant le minerai devrait améliorer la stabilité de la mine. Cela réduirait également l'afflux d'eau souterraine chargée de radon dans les excavations. Une partie de l'eau affluente qui reste serait recyclée pour servir aux opérations de forage et de creusage, diminuant ainsi la quantité d'eau que l'usine de traitement aurait à décontaminer.

On trouve déjà environ 650 trous de forage exploratoire dans la zone où aurait lieu l'extraction. Plusieurs de ces trous ont été forés à partir du bras Mink vers ou à travers le filon Midwest durant les travaux de prospection. La congélation du sol entourant le filon empêcherait l'eau de s'infiltrer quand les trous de forage seraient interceptés pendant les travaux d'extraction. Faute d'une telle protection, il faudrait vider le bras Mink et assécher la zone au-dessus du filon. La congélation réduirait donc les dommages environnementaux qui résulteraient de l'assèchement du bras Mink et de la zone voisine. Cela améliorerait également le contrôle des eaux dans la mine et permettrait de mieux protéger contre les radiations les mineurs travaillant sous terre.

Si nous avons mis au point cette nouvelle méthode d'extraction, c'est entre autres parce qu'il était impossible de boucher ces trous de forage.

V. Martin, Cogema Resources Inc., Transcript of Midwest Public Hearings, Saskatoon, Saskatchewan, 29 mai 1996, p. 93.

6.1.2 Forage par jet

Une fois le sol congelé, une galerie d'extraction serait creusée entre les galeries de congélation à environ 10 mètres au-dessus. Cette galerie serait plus proche du filon, mais il resterait quand même plusieurs mètres d'épaisseur de roc nu pour protéger les mineurs des radiations venant d'en haut. Des trous de coffrage seraient creusés dans la galerie d'extraction en remontant jusque dans le filon, et la tête de la foreuse à jet, prolongée au-dessus du coffrage, découperait le minerai congelé au moyen de jets d'eau à haute pression. La boue contenant le minerai ainsi obtenu, enfermé dans des conduites étanches, serait acheminée par la force de gravité jusqu'à un broyeur-concasseur. Cette boue serait ensuite épaissie et hissée par un treuil hydraulique vers la surface, puis serait apportée à l'usine JEB aux fins de traitement. Grâce à l'utilisation de conduites blindées dans l'ensemble de la mine, les mineurs subiraient un minimum d'exposition au minerai très radioactif.

La présence de plusieurs mètres de socle rocheux entre le filon et les galeries d'extraction où travailleraient les mineurs, combinée à une technique de forage non pénétrante et au transport hors de la mine, des conduites étanches, du minerai sous forme de boue, tous ces facteurs devraient protéger efficacement les travailleurs contre la radioactivité. Le recours à des méthodes d'extraction automatisées s'inscrit dans la tendance actuelle à utiliser des techniques visant à mieux protéger les mineurs qui travaillent sous terre dans des conditions dangereuses. Le forage par jet combiné à la congélation du sol est une formule bien conçue et très valable techniquement, qui faciliterait la récupération sans danger du minerai à haute teneur du gisement Midwest.

6.2 Effluents liquides et lieu de décharge

La méthode d'extraction décrite dans la section 6.1 représente une grande amélioration comparativement au projet examiné par la Commission en 1993. Il ne serait plus nécessaire d'assécher le bras Mink, et l'afflux d'eau dans la mine diminuerait considérablement. En gros, Cogema prévoit que la quantité d'effluents traités équivaudrait à environ 11 % du niveau prévu dans le projet antérieur. [The Midwest Project Environmental Impact Statement, Main Document, Cogema Resources Inc., août 1995, tableau 2.1.5.3.] La quantité d'effluents serait également beaucoup moindre que dans les autres mines d'uranium de la Saskatchewan, soit moins de la moitié du niveau enregistré à la mine du lac Cluff, celle qui en décharge le moins parmi les mines en exploitation. Par conséquent, la somme totale de contaminants déchargés [Charge environnementale totale = taux de contaminants dans les effluents x volume d'effluents relâchés.] dans l'environnement serait faible comparativement aux autres mines d'uranium.

Avant le début des opérations minières, il faudra d'abord déterminer s'il y a lieu de décharger les effluents dans le lac McMahon Nord ou le bras Mink du lac McMahon Sud. De ces deux endroits, c'est le lac McMahon Nord qui contient le plus d'eau et où le débit est le plus rapide, ce qui permettrait une dilution plus rapide des effluents et, parallèlement, une réduction plus rapide des taux de contaminants. Toutefois, ce lieu de décharge, plus éloigné de la mine que le bras Mink, obligerait à tenir compte de l'impact d'une canalisation sur le milieu terrestre et des risques accrus de déversement d'eaux traitées. Par ailleurs, en cas d'accident à l'usine de traitement, il serait plus facile de circonscrire les rejets néfastes si les effluents se déchargeaient dans le bras Mink plutôt que dans le lac McMahon Nord. Le bras Mink est séparé du reste du lac McMahon Sud par une digue en terre, et le fait que le canal reliant les deux nappes d'eau soit en hauteur diminue la circulation d'eau normale entre le bras Mink et le lac McMahon Sud. Par conséquent, même si les éventuels déversements dans le bras Mink causaient plus de dégâts localement que dans le lac McMahon Nord, la digue assurerait une meilleure protection des nappes d'eau en aval.

La Commission appuie la proposition de Cogema de décharger les effluents dans le bras Mink, mais l'exhorte à trouver des façons de réduire l'impact potentiel dans la zone de décharge. Il faudrait choisir l'emplacement et la méthode de décharge dans le bras Mink en collaboration avec le ministère des Pêches et Océans, Environnement Canada et Saskatchewan Environment and Resource Management. Si l'impact sur le bras Mink devait dépasser le niveau acceptable, des mesures d'atténuation s'imposeraient.

6.3 Enfouissement roches résiduelles

La société Cogema envisage divers endroits pour se débarrasser des résidus rocheux de la mine. En fonction du risque de contamination, les roches résiduelles seraient classées en tant que déchets propres ou déchets spéciaux. Les roches résiduelles propres sont celles contenant moins de 0,03 % d'uranium et dont la teneur en autres éléments se situe en deçà des seuils prescrits. Les déchets spéciaux comprennent les roches résiduelles renfermant entre 0,03 % et 0,09 % d'uranium ou ayant une teneur élevée en arsenic, nickel ou soufre, isolément ou en combinaison.

Une partie des déchets spéciaux, environ 204 000 tonnes au total selon les estimations, [The Midwest Project Environmental Impact Statement, Main Document, Cogema Resources Inc., août 1995, p. 2-47.] servirait à combler les galeries de mines aux étages de congélation et d'extraction lorsque cesseraient les opérations souterraines. Le reste des déchets spéciaux (environ 116 000 tonnes [Ibidem.] ) serait transporté jusqu'au terrain du lac McClean pour être enfoui dans le puits désaffecté Sue C. Les matières boueuses résultant du traitement des eaux usées seraient également transportées par camion jusqu'au site du lac McClean où on les enfouirait dans le puits JEB avec les résidus de l'usine.

Une partie des déchets propres servirait à la préparation du béton nécessaire pour boucher les cavités souterraines forées par jet. La méthode proposée pour se débarrasser du reste des déchets propres, quantité estimée à 101 000 tonnes, [Ibidem.] consiste en un monticule de six mètres de hauteur par 100 mètres carrés qui serait situé à quelque 200 mètres à l'ouest de la rive du bras Mink. D'après les plans du promoteur, les contours de ce monticule auraient une pente inférieure à 28 degrés afin de diminuer l'érosion et de favoriser la repousse de la végétation. [Ibidem, p. 2-136.] Ce monticule n'occuperait qu'une superficie restreinte, mais il s'agirait tout de même d'une nouvelle caractéristique topographique le long de la rive ouest du bras Mink.

La possibilité que des déchets rocheux spéciaux soient mélangés accidentellement avec des déchets propres dans le monticule en surface soulève des craintes. L'étude d'impact environnemental ne fait part d'aucune mesure pour garantir que les déchets propres et spéciaux seront séparés continuellement et de manière efficace. Si une telle erreur devait survenir, cela augmenterait les risques de rejet de lixiviat contaminé, affectant ainsi la qualité de l'eau en surface. [L.M. Broughton, R.W. Chambers, A. MacG. Roberston, Mine Rock Guidelines, Saskatchewan Environment and Public Safety, avril 1992, p. 4-4 - 4-13.] Il importe donc que le promoteur soumette, preuves à l'appui, une méthode satisfaisante pour différencier les résidus rocheux minéralisés des résidus non minéralisés avant même le début des opérations minières.

Nous sommes d'accord avec Environnement Canada pour dire que Cogema devrait enfouir un maximum de résidus rocheux dans le sous-sol de la mine Midwest. S'il était impossible d'éliminer de cette manière des déchets propres ou potentiellement contaminés, il faudrait envisager une solution autre que le monticule proposé :

Environnement Canada préconise l'enfouissement de la totalité des déchets rocheux et déchets spéciaux de la mine Midwest qui restent au site du lac McClean... en remplissant complètement le puits Sue C... [Environnement Canada, région des Prairies et du Nord, Submission to the Midwest Public Hearings, Regina, Saskatchewan, 10 juin 1996, p. 43.]

La Commission partage l'avis d'Environnement Canada voulant que le promoteur trouve d'autres solutions pour se débarrasser des résidus rocheux de la mine. Les résidus propres ou spéciaux qui ne pourraient pas servir au remplissage des excavations souterraines devraient être enfouis dans des puits désaffectés au site du lac McClean. Si cette exigence est rejetée et si on autorise l'aménagement du monticule prévu sur la rive ouest du bras Mink, il faudrait prendre des dispositions pour le surveiller durant plusieurs décennies. Des garanties financières s'imposent pour s'assurer que l'on pourra remédier aux écoulements qui proviendraient du monticule de déchets rocheux. Ces mesures consisteraient entre autres à transporter les résidus rocheux dans un des puits de mine désaffectés au lac McClean. La surveillance du site ferait appel à la population locale de la façon indiquée dans la section 4.4.

6.4 Conclusions et recommandations

En associant de façon novatrice deux techniques minières, la congélation du sol et le forage par jet, la société Cogema a proposé un plan d'extraction du minerai acceptable pour le gisement Midwest.

Les effluents liquides devraient se décharger dans le bras Mink, la méthode de décharge étant fixée de concert avec le ministère des Pêches, Environnement Canada et Saskatchewan Environment and Resource Management.

Le promoteur devra faire la démonstration d'une technique efficace pour différencier les déchets propres des déchets spéciaux avant le début des opérations minières.

Il faudrait enfouir sous terre toutes les roches résiduelles spéciales ainsi qu'un maximum de résidus propres dans la mine Midwest même ou dans un puits désaffecté sur le site du lac McClean. Le monticule de roches résiduelles que l'on prévoit aménager sur la rive ouest du bras Mink exigerait une surveillance durant plusieurs décennies. Une garantie financière s'impose pour que l'on soit certain de pouvoir remédier aux rejets acides qui s'écouleraient du monticule de roches résiduelles. Cette garantie s'inscrirait dans le Fonds d'urgence pour les mines d'uranium évoqué à la section 12.4. En cas d'écoulement acide, il faudrait alors transporter le monticule de roches résiduelles et enfouir celles-ci dans un des puits désaffectés Sue C au site du lac McClean.