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Rapport de la commission d'examen

2.0 Description du projet et carte des lieux

2.1 Proposition

Le gisement d'uranium Midwest se trouve à environ 60 km à l'ouest de la plus proche localité, Wollaston Lake, et à environ 700 km au nord de Saskatoon. Situé près de Points North, il est relié à la route provinciale 905 par un chemin d'accès de 2 km. Voir la figure 1.

Ce gîte a été découvert en 1978 sous le bras Mink du lac McMahon Sud. Une étude d'impact environnemental portant sur une mine à ciel ouvert et l'extraction sur place du minerai a été soumise en 1981. Le promoteur ayant décidé de reporter le projet, on n'a pas entamé d'examen officiel cette année-là.

Il y a eu changement de propriétaire en 1987, la coentreprise Midwest s'étant portée acquéreur de la propriété. Après avoir obtenu les approbations nécessaires pour réaliser des travaux de prospection visant à analyser les conditions souterraines et à recueillir des données servant à évaluer les méthodes d'extraction potentielles, la société Midwest a procédé à des forages d'essai à cet endroit en 1988.

Une fois les forages d'essai terminés, la coentreprise Midwest a sollicité en 1991 l'autorisation de construire et aménager une mine souterraine, une usine et une aire d'élimination des résidus. Ce projet a été modifié en 1992 pour tenir compte de la décision d'exploiter également, à titre complémentaire, le gisement de minerai Midwest et celui du lac McClean.

La Commission conjointe a examiné le projet Midwest de 1992 et recommandé son rejet du fait que "les avantages qui en résulteraient ne suffisent pas pour compenser les risques perçus." [D.G. Lee, J.F. Archibald, J. Dantouze, R. Neal et A. Yassi, Dominique-Janine Extension, McClean Lake Project, and Midwest Joint Venture, Approvisionnement et Services Canada, octobre 1993, p. 35.] Cette recommandation de la Commission a été approuvée par les gouvernements fédéral et provincial.

En 1994, le nouveau promoteur, la société Cogema Resources Inc., a présenté un projet de mise en valeur du gisement Midwest faisant appel à une méthode d'extraction différente qui, apparemment, palliait plusieurs des lacunes que la Commission avait relevées en examinant les plans de la coentreprise Midwest datant de 1992. On a ensuite sollicité de ces deux gouvernements l'autorisation de mener une évaluation environnementale, de la façon décrite à la section 1.1.

Le gisement que la société Cogema envisage de mettre en valeur se situe à environ 200 m sous le bras Mink du lac McMahon Sud, dans une formation géologique où les couches de grès de l'Athabasca rencontrent le socle rocheux. Le minerai, qui aurait selon les estimations une teneur moyenne de 3,8 % U308, se trouve concentré dans un filon de 100 m de large par 250 m de long, et dont l'épaisseur varie de 2 à 30 m. D'après le promoteur, les réserves de minerai équivaudraient à 13 200 tonnes d'uranium.

La société Cogema prévoit congeler le filon avant l'extraction, pour ne pas être obligée de vider le bras Mink, ce qui nuirait à l'environnement. Le minerai serait extrait à même une galerie sous le filon congelé, moyennant une méthode non pénétrante de forage par jet qui réduirait pour les mineurs le risque d'exposition à des substances radioactives. Les boues ainsi obtenues seraient hissées à la surface par un treuil hydraulique puis stockées dans des réservoirs à agitation par air. Les cavités qui resteraient dans le sous-sol après le forage seraient ensuite remplies de béton spécial.

Pendant les travaux préparatoires, l'accès à la zone d'exploitation sous le filon se ferait par le puits de mine expérimental déjà existant, que l'on prolongerait vers le bas d'environ 60 m. On excaverait les galeries parallèles de congélation dans le socle rocheux, à environ 20 m en dessous du filon. On ferait ensuite circuler une solution de saumure refroidie à -35 oC par des trous verticaux forés en remontant et se prolongeant dans l'ensemble du filon, de manière à congeler toute la zone à partir des galeries de congélation jusqu'à environ 5 m au-dessus du filon. La galerie d'extraction serait alors creusée entre les galeries de congélation, à quelque 10 m plus haut.

À partir de la galerie d'extraction, on forerait des trous de part en part du filon de minerai congelé. Après la pose d'un coffrage, la tête d'une foreuse à jet serait insérée à travers les trous afin de tailler le minerai autour à l'aide de jets d'eau à haute pression. La boue ainsi produite resterait continuellement circonscrite dans des tuyaux et récipients très étanches. Après les opérations de broyage et de meulage, cette boue serait remontée à la surface par un treuil hydraulique, en passant par une canalisation réservée à cette fin.

Figure 1 : Emplacement du projet minier Midwest

Figure 1 : Emplacement du projet minier Midwest

Une fois la boue minérale épaissie, on la pomperait dans des cuves d'acheminement pour l'apporter par camion à l'usine du lac McClean en vue de son traitement. Les résidus provenant de la transformation du minerai seraient épaissis jusqu'à ce qu'ils aient la consistance d'une pâte, puis on les enfouirait sous l'eau dans le puits de mine JEB au site du lac McClean. Selon les prévisions, le débit de l'afflux d'eau dans la mine Midwest atteindrait approximativement 50 m3 l'heure. Une partie de cette eau servirait aux opérations de creusage et de forage par jet, tandis que le reste serait pompé vers l'usine de traitement des eaux usées à la surface; les effluents en provenance de l'usine seraient déversés dans le bras Mink.

Les roches résiduelles résultant de l'extraction seraient soit empilées à la surface, soit transportées jusqu'au site du lac McClean où on les enfouirait dans un puits de mine désaffecté, en fonction de leur teneur en uranium, arsenic, nickel et soufre. La plus grande quantité possible de résidu propre empilé servirait, sous forme d'agrégat, à la préparation du béton destiné à remplir les cavités de forage par jet. De même, une bonne part des déchets spéciaux ayant une concentration plus élevée en uranium, en arsenic, en nickel et en soufre serait utilisée pour combler les galeries de congélation et d'extraction souterraines désaffectées.

Pour permettre l'exploitation du gisement Midwest, il faudrait aménager en surface les installations suivantes au site du lac McMahon Sud : une usine de congélation, une usine de mélange de béton, une sous-centrale électrique, un bureau, un vestiaire, un atelier d'entretien et un entrepôt, une usine de traitement des eaux usées ainsi que des installations de stockage et de chargement du minerai. Voir la figure 2.

La mine Midwest procurerait environ 300 années-personnes de travail au cours de la phase de construction étalée sur deux ans, puis emploierait quelque 122 travailleurs durant la période d'exploitation de six ans. Il est prévu que 77 de ces travailleurs viendraient de la mine du lac McClean tandis que les autres, soit 45, seraient des nouveaux employés. [The Midwest Project, Supplementary Information, Cogema Resources Inc., mai 1996, S.3, annexe A, tableau 1.]

2.2 Propriété

La société Cogema Resources Inc. agit à titre de promoteur pour le projet Midwest au nom de quatre partenaires détenant des parts dans la coentreprise Midwest : Minatco Ltd., une filiale de Cogema Resources Inc. (56 %); Uranerz Exploration and Mining Ltd. (20 %); Tenwest Uranium Ltd., filiale de Denison Mines Ltd. (19,5 %) et OURD (Canada) Ltd. (4,5 %).

2.3 Comparaison des projets de 1992 et 1995

Quand la Commission a recommandé le rejet du projet Midwest de 1992, elle a évoqué plusieurs problèmes précis à cet égard. En misant sur des méthodes d'extraction différentes ou des nouvelles technologies, le nouveau projet répond à bon nombre de ces objections. Le tableau 1 résume les différences au niveau des méthodes d'extraction, de transport et d'élimination des résidus entre le nouveau projet et le projet précédent.

Figure 2 : Mine Midwest - Plan des installations en surface

Figure 2 : Mine Midwest - Plan des installations en surface

Tableau 1 : Comparaison entre les projets de 1992 et 1995 pour l'exploitation du gisement Midwest
CRITIQUES FACE AU PROJET DE 1992 MÉTHODES DIFFÉRENTES PRÉVUES DANS LA VERSION DE 1995
Emploi de méthodes minières inacceptables. Le recours à la technique de forage par jet, essayée à la mine expérimentale de Cigar Lake, comporterait moins de risques.
Extraction, dans des espaces souterrains confinés, de minerai contenant de fortes concentrations d'uranium, d'arsenic et de nickel. L'extraction automatisée à des endroits situés dans le socle rocheux, sous le filon, fait que les mineurs seraient moins exposés à la radioactivité et aux métaux lourds toxiques.
La présence de plus de 600 trous de forage exploratoires, la plupart sans couvercle protecteur, à proximité du filon. La congélation du filon aurait pour effet de boucher les trous de forage durant la phase d'exploitation.
La nécessité de transporter du minerai à haute teneur sur une route publique. Le minerai transformé en boue serait acheminé dans des cuves de conception et de fabrication spéciales.
Les risques de séquelles environnementales à cause du rejet de substances contaminées dans le bassin du ruisseau Smith, et l'obligation d'assécher une superficie de plusieurs kilomètres carrés autour de la mine. Il ne serait plus nécessaire d'assécher le bras Mink et la zone environnante, et la quantité d'effluents rejetés diminuerait considérablement.
Incertitude quant à l'élimination de résidus à forte teneur en métaux lourds toxiques. L'enfouissement sous l'eau des résidus assurerait une meilleure protection contre la poussière; toutefois, il subsiste des craintes en ce qui concerne la contamination de la nappe phréatique.
L'effet cumulatif de cette mine qui s'ajouterait aux impacts combinés de toutes les autres mines (actuelles et envisagées) dans une zone relativement restreinte sur la rive ouest du lac Wollaston. Les nouvelles techniques d'extraction envisagées visent à réduire les rejets de contaminants dans le milieu naturel.