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Rapport de la commission d'examen

11.0 Impact sur la santé communautaire et impact social

11.1 Contamination de l'air, de l'eau et de la chaîne alimentaire

Comme nous l'avons mentionné précédemment, [D.G. Lee, J.F. Archibald, J. Dantouze, R. Neal et A. Yassi, Dominique-Janine Extension, McClean Lake Project, and Midwest Joint Venture, Approvisionnements et Services Canada, Octobre 1993, p. 21.] beaucoup d'habitants du nord craignent particulièrement que les activités dans les mines et usines d'uranium n'en viennent à empoisonner l'air qu'ils respirent, l'eau qu'ils boivent et les aliments locaux qu'ils consomment. Les sections 10.4 et 10.5 décrivent certains des efforts accomplis en vue de quantifier ces risques.

Une étude de la chaîne alimentaire à laquelle a participé le Groupe de travail sur la surveillance des effets cumulatifs [T. Gates et L. Chamney, Uranium Mining Cumulative Effects Monitoring and Assessment, Submission to the Midwest Public Hearings, Regina, Saskatchewan, 10 juin 1996.] portait sur les caribous abattus par des chasseurs locaux dans la région de Wollaston Lake. [P.A. Thomas, Radionuclide Analyses of Saskatchewan Caribou - 1995, Rapport final des ministères de la Santé et de l'Environnement de la Saskatchewan.] Cette étude visait à mesurer les accumulations de radionucléides dans l'organisme et à évaluer les transferts de radionucléides des lichens aux caribous et, éventuellement, aux humains. Les données recueillies indiquent que les doses de radiation chez les personnes ayant mangé du caribou de la région de Wollaston se comparent à celles observées chez les gens qui ont consommé du caribou provenant des Territoires du Nord-Ouest, où il n'y a pas de mine d'uranium. Nous encourageons les organismes gouvernementaux à continuer de faire appel à la population locale pour ce genre d'activités de surveillance.

D'après l'information disponible, il ne semble pas y avoir de contamination régionale de la chaîne alimentaire dans le nord de la Saskatchewan. Apparemment, la consommation de plantes, de viande ou de poissons d'origine locale ne présente, pour l'instant, aucun danger. Voilà qui est excellent, parce que bon nombre d'habitants de la région se nourrissent encore dans une large mesure d'aliments d'origine locale. Toutefois, des précautions s'imposent pour écarter les risques de contamination future de la chaîne alimentaire. En cas de contamination poussée, il serait beaucoup plus acceptable (et moins coûteux) de protéger la chaîne alimentaire, en exerçant une surveillance continue et en adoptant des mesures correctives, que de tout mettre en oeuvre pour rétablir un environnement propre.

11.2 Comités sur la qualité de l'environnement

Sur la recommandation de la Commission [D.G. Lee, J.F. Archibald, J. Dantouze, R. Neal et A. Yassi, Dominique-Janine Extension, McClean Lake Project, and Midwest Joint Venture, Approvisionnements et Services Canada, octobre 1993, p. 11.], le gouvernement de la Saskatchewan a mis sur pied en 1995 trois comités sur la qualité de l'environnement. À notre avis, Cogema et les divers ministères prennent ces comités au sérieux et tentent de leur faire jouer un rôle dans les activités de surveillance. C'est une excellente chose car, pour que ces comités fournissent un apport utile, il faut leur donner l'occasion de collaborer tant avec les entreprises minières qu'avec les organismes gouvernementaux.

Nous sommes d'accord avec la création de ces trois comités et louons la volonté de Cogema et des ministères d'agir en collaboration avec eux. Toutefois, nous avons deux craintes à leur sujet. La première a trait aux moyens financiers nécessaires pour former leurs membres relativement aux divers aspects de l'extraction et de la transformation de l'uranium. Les membres de ces comités ne sont pas des experts, mais ils ont besoin de comprendre les problèmes en cause, ce qui nécessite une formation continue. La deuxième crainte est la possibilité que ces comités en viennent à dépendre des compagnies minières pour leur financement. Une telle situation risquerait de nuire à leur objectivité apparente.

11.3 Vitalité des collectivités

Les mines d'uranium peuvent avoir des répercussions à la fois positives et négatives sur la vitalité des collectivités, c'est-à-dire sur le niveau de vie et sur la qualité de vie sociale des habitants des localités touchées. [D.G. Lee, J.F. Archibald, J. Dantouze, R. Neal et A. Yassi, Guidelines for the Preparation of Environmental Impact Statements and Government Information Requests for the Cigar Lake and McArthur River Projects, septembre 1992, p. 53.]

Sous l'angle positif, les perspectives accrues d'emploi et d'affaires dans les localités nordiques peuvent améliorer le niveau de vie en plus de susciter de l'optimisme et de l'espoir parmi la population. Les employés des mines peuvent également devenir de bons modèles pour les jeunes, incitant les étudiants à poursuivre leurs études et les autres à parfaire leur éducation. Le quart de travail basé alternativement sur sept jours de travail et sept jours de repos donne aux salariés l'occasion de se livrer à des activités traditionnelles et leur laisse beaucoup de temps libre à passer en famille. De plus, la présence de mines dans une région se traduit souvent par l'amélioration des infrastructures (routes, lignes électriques, aqueducs et égouts, etc.), ce qui contribue à dynamiser la collectivité et à rendre les localités plus viables.

Au plan négatif, les mines d'uranium sont susceptibles de gâcher le mode de vie traditionnel auquel tiennent beaucoup d'habitants du nord. En outre, le travail à la mine peut être une source de tensions familiales du fait que le père ou la mère s'absente périodiquement du foyer. La possibilité que la pollution ait des répercussions sur la santé des enfants déjà nés ou à venir risque de créer de l'anxiété dans les localités qui puisent leur eau dans la même ligne de partage des eaux que les mines. Les écarts de revenus susciteront parfois des tensions entre les divers citoyens tandis qu'il peut surgir des conflits entre ceux qui s'opposent au développement minier et ceux qui l'approuvent. Certains employés décideront éventuellement de déménager dans le sud, privant ainsi leur village de leurs talents et de leur rôle social potentiel. Enfin, l'amélioration des infrastructures peut faire craindre des accidents routiers et des déversements possibles de matières toxiques.

Bien que cette description des répercussions potentielles soit loin d'être exhaustive, elle montre que les mines d'uranium influent de façon à la fois positive et négative sur la vitalité des collectivités nordiques. Par conséquent, pour que ce secteur d'activités demeure un rouage important de l'économie régionale, il importe d'en surveiller les répercussions sur la vie communautaire en plus de se soucier de l'impact environnemental. Il faut accorder autant d'attention à la préservation du bien-être des citoyens de la région qu'à la protection du biote. Pour ce faire, on devra mettre au point une série d'indicateurs permettant d'évaluer l'impact des mines d'uranium sur la qualité de vie des habitants des localités nordiques.

Il serait nécessaire de réaliser dans le nord des études de base sur la santé pour vérifier l'incidence des cancers et le lien avec les mines d'uranium, s'il y en a.

J. MacDonald, présidente, CQE Athabasca, Transcript of Midwest Public Hearings, Black Lake, Saskatchewan, 7 juin 1996, p. 47.

La société Cogema a reconnu l'utilité des études sur la vitalité communautaire, soulignant "la nécessité d'obtenir de meilleurs ensembles de données socio-économiques concernant le nord de la Saskatchewan et les localités de l'Athabasca en particulier". [The Midwest Project Environmental Impact Statement, Additional I nformation, Cogema Resources Inc., mai 1996, partie 3, annexe 4, p. 7.] Vu les limites des données actuelles, l'entreprise a proposé que le groupe de travail Athabasca se penche directement sur toute répercussion par rapport à la vie communautaire. Bien que l'idée de mettre à contribution les résidents locaux (p. ex. le groupe de travail Athabasca ou les comités sur la qualité de l'environnement) soit valable, la tâche de trouver les indicateurs nécessaires pour évaluer l'impact des mines d'uranium sur la vie communautaire exigera le concours d'experts. Étant donné que plusieurs facteurs entrent en ligne de compte dans la vie sociale moderne des localités nordiques, il sera sans doute difficile de mettre au point un protocole approprié à cette fin.

11.4 Conclusions et recommandations

L'information actuellement disponible laisse entendre qu'il n'y a pas eu de contamination régionale de la chaîne alimentaire dans le nord de la Saskatchewan. Une surveillance continue et des mesures palliatives s'imposent pour prévenir toute dégradation à mesure que les activités minières se développeront dans la région.

Les comités sur la qualité de l'environnement représentent un bon mécanisme pour faire participer la population locale aux décisions touchant les activités des mines d'uranium dans le nord de la Saskatchewan. Il faudra accorder une aide financière suffisante pour former leurs membres relativement aux divers problèmes qu'impliquent l'extraction et la transformation de l'uranium.

Au même titre que la surveillance des séquelles biophysiques requiert la contribution de biologistes et chimistes professionnels, la surveillance des répercussions sur la vie communautaire exigera l'apport de sociologues. La société Cogema collabore avec d'autres exploitants de mines d'uranium et les dirigeants locaux en vue de mettre au point un ensemble de moyens qui permettraient de surveiller l'incidence des mines d'uranium sur la vitalité des collectivités, et que l'ensemble des entreprises concernées s'engagent collectivement à atténuer toute répercussion négative.