Laurentia et l'impact des technologies de communication

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Dans la mesure où le gouvernement fédéral ouvrirait — à la suite de l’étude du volet environnemental — une porte à la réalisation du projet Laurentia avec toutes les contraintes possibles, cela ne devrait être qu’une étape préliminaire. En effet, il serait impensable de minimiser l’impact des bouleversements sociaux et environnementaux identifiés jusqu’ici par divers acteurs sans une « analyse avantages-coûts » sérieuse. Nous parlons ici d’une étude de marché avec des engagements formels d’armateurs internationaux désireux de transborder des conteneurs à Québec.

D’entrée de jeu, précisons que ce qui caractérise principalement un terminal de conteneurs entièrement automatisé (tel que celui envisagé) est la présence d’un module — volume de moins de 0,4 m3 — installé sur une antenne, permettant la communication bidirectionnelle entre le centre opérationnel et les équipements motorisés (grues, chariots...). Par exemple, le module implanté au port de Hambourg a une portée de 8 km (Référence (https://www.youtube.com/watch?v=s3QwozUFDFg)). Pensons que l’avènement des réseaux de communication 5G a multipliée la vitesse par 100, avec un temps de latence très faible (réactivité quasi immédiate) et des images de qualité.

Concernant Laurentia, comme on n’installerait les équipements motorisés que si les armateurs décidaient d’y transborder leurs conteneurs — ce qu’ils ne semblent pas prêts à faire surtout depuis l’annonce du développement prochain de Contrecoeur — le simple fait de permettre la réalisation du projet sans conditions préalables pourrait aboutir à l’installation, par l’opérateur Hutchison, d’un simple module de communication… en attente d’équipements qui seraient en attente de conteneurs qui ne seront probablement jamais au rendez-vous.

À cet égard, on doit sérieusement envisager Laurentia-Québec non pas comme un lieu d’échange de biens conteneurisés — avec très peu d’emplois locaux — mais comme un banal relais de communication dans le cadre, soit d’une « Route de la soie maritime virtuelle » sous contrôle de la Chine (où Hutchison opère 9 terminaux), soit d’un « capitalisme » de la surveillance (Référence (https://esprit.presse.fr/article/shoshana-zuboff/le-capitalisme-de-la-surveillance-42084)), de la malveillance (Référence (https://lop.parl.ca/sites/PublicWebsite/default/fr_CA/ResearchPublications/201805E)) et,ou de la négligence (Référence (https://siecledigital.fr/2021/03/21/anssi-serveurs-microsoft-exchange/)) qui sera définitivement amplifié avec la 5G.

Bref, il serait inacceptable d’envisager la réalisation de Laurentia sans exiger d’analyser non seulement l’aspect commercial de ce projet maritime, mais également l’impact, sur notre sécurité collective, de technologies de communication opérées par des acteurs étrangers.

Enfin, devant la possibilité qu’il n’y ait pas, dans un délai raisonnable, d’armateurs désireux de s’impliquer dans un projet de transbordement de conteneurs, le projet d’un nouveau terminal à Beauport devrait tout simplement être abandonné. Il importe qu’on ne puisse pas, par un simple décret ministériel — après avoir validé le projet sous son volet technique —, modifier ultérieurement sa vocation, par exemple en permettant d’accueillir un terminal pétrolier tel que présenté précédemment avec la version Beauport 2020.

Jacques H. Lachance

Québec

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Jacques Lachance
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2021-04-27 - 8:35 PM
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